• Le corbeau, le renard et le loup 

      

    Un corbeau noir de jais aimait une cigale, 

    Celle qu’avait punie madame la fourmi, 

    Rencontrant un renard qui avait la fringale, 

    Il osa l’avouer à son pire ennemi. 

      

    -Détestable est ta voix, tu n’as aucune chance, 

    Je peux si tu le veux être ton avocat, 

    Trouve-moi des poulets, des coqs en abondance, 

    J’irai plaider ta cause à la fin du repas. 

      

    Le corbeau n’avait plus tellement confiance, 

    Il avait en mémoire un triste souvenir, 

    -Tu m’as eu une fois j’en ai la souvenance, 

    Je me demande bien où tu veux en venir. 

      

    Le renard lui jura de rester solidaire, 

    Mais étant trop bavard, il en parlait au loup, 

    Son cousin estima que c’était une affaire, 

    Que lui-même il allait se risquer dans le coup. 

      

    Et l’insecte chanteur succombait sous le charme, 

    Du canidé sauvage aux gestes de voyou, 

    Le corbeau dépité essuyait une larme, 

    Encore une leçon émanant d'un filou. 

     


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  • Le Ver et la Carpe 

     

    C’était un ver de terre heureux dans son fumier, 

    Quand survint un pêcheur à l’aspect débonnaire,

    -Voici un bel appât, pour l’omble chevalier,

    Il est gras à souhait, il fera mon affaire.

     

    Fi des contorsions, le ver fut embroché, 

    A l’hameçon crochu, quel atroce supplice, 

    En sifflant dans les airs, le lombric accroché, 

    S'immergea dans l'étang, tournant comme une hélice. 

     

    Il se demandait bien ce qu'il faisait ici, 

    Bien au-dessus du fond qu'il ne pouvait atteindre, 

    -Si c'est un nouveau jeu, je me fais du souci, 

    Je souffre le martyr, je vais bientôt m'éteindre. 

     

     Il s’agitait en vain, il était suspendu, 

    Vint alors renifler une carpe tranquille, 

    Voyant le ver de terre attirant et dodu. 

    -Voilà un mets de choix et d'approche facile. 

     

    Elle s'exprimait fort et le ver l'entendit, 

    Ne croyez pas surtout,  carpe n'est point muette, 

    -Méfiez-vous gros poisson, c'est moi qui vous le dis, 

    Je suis le prisonnier d'un homme à épuisette. 

     

    -Le crochet qui me tient peut vous saisir aussi, 

    Il me vient une idée, si vous étiez charmante, 

    Je vous sauve la vie vous informant ainsi, 

    Vous me coupez en deux en étant prévenante. 

     

    Le ver c'est bien connu retrouve son aspect, 

    Quand il perd un morceau, il se reconstitue, 

    Le poisson étant sot, il trouva ça suspect, 

    Et sa gloutonnerie voulait qu'il continue. 

     

    Gobant l'appât entier et croyant au bonheur, 

    Il ne put échapper à ce piège terrible, 

    A son tour d'avoir mal, indicible douleur, 

    Vouloir se libérer,  mission impossible. 

     

    Même si bien souvent, ils vous semblent douteux, 

    Ecoutez les conseils sans paraître crédule, 

    Il se peut qu'on vous donne un avis précieux, 

    Ne rejetez pas tout d'un conciliabule. 

     

     


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  • Le loup devenant bergère

     

    Un vieux loup s’endormait le soir au fond des bois,

    Il rêvait le vilain  de devenir bergère,

    Un regard lumineux et un joli minois,

    Il aurait subjugué ainsi la France entière.

     

    Il se voyait déjà, le chouchou des médias,

    Qui lui accorderaient de longs temps de parole,

    Il  serait  pomponné devant les caméras,

    Des téléspectateurs il serait une idole.

     

    Il pourrait approcher les brebis, les moutons,

    Avec son baratin, les mettre en confiance,

    Les gens en le voyant n’auraient plus de boutons,

    Trompés par son aspect et sa fausse apparence.

     

    Attirant dans ses rets la veuve et l’orphelin,

    Faisant croire au chômeur qu’il est leur espérance,

    Donnant l’illusion d’être au four, au moulin,

    Il aurait du succès nonobstant sa nuisance.

     

    Mais un loup reste un loup quand il cache ses dents,

    Qu’il semble vertueux, souriant, débonnaire,

    Le péril est réel, malheur aux imprudents,

    Quoi de plus dangereux qu’une fausse bergère.


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  • Les fables

     

    Si le loup est cruel, le renard est rusé,

    Voilà ce qui s’écrit dans un livre de fables,

    Le mouton est tondu, le corbeau abusé,

    Et combien de clichés étonnants, ineffables.

     

    Que pense la fourmi de sa célébrité,

    Est-elle comme on dit beaucoup plus besogneuse

    Qu’un insecte chanteur appréciant l’été,

    Voici une opinion quelque peu hasardeuse.

     

    Pourquoi il est écrit que l’âne est un idiot,

    Alors que le cheval aurait l’intelligence,

    Que dire dans ce cas, du mulet, du bardot,

    Haro sur le baudet, ayez de l’indulgence !

     

    La mouche a eu sa part de jugements moqueurs,

    Le rat est reconnu, c’est même une vedette,

    Le héron, les pigeons ont eu bien des honneurs,

    Le singe et le dauphin sont aussi de la fête.

     

    Peut-on cataloguer ainsi les animaux ?

    Croire qu’ils sont aussi vicieux que les hommes,

    Utiliser parfois de braves végétaux,

    Les déranger l’hiver au milieu de leurs sommes.

     

     

     


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  • Le papillon et les roses

     

    C’était un papillon aux splendides ocelles,

    Qu’il aimait exposer aux rayons du soleil,

    Et du matin au soir il agitait ses ailes,

    Avant de se calmer au moment du sommeil.

     

    Il allait butinant de corolle en corolle,

    Puisant le doux nectar distillé par les fleurs,

    Il n’avait nul besoin de prendre une boussole,

    Guidé par son instinct sensitif aux odeurs.

     

    Il venait de sentir un parfum agréable,

    Emanant d’un massif planté de rosiers nains,

    Il découvrait alors un nombre incalculable,

    De ces petites fleurs poussant avec entrain.

     

    -J’ai l’embarras du choix, où donc est la plus belle ?

    Le papillon troublé survolait le jardin,

    Hésitait sans avoir déterminé laquelle,

    Il allait visiter pour prendre le butin.

     

    Mais pendant ce temps-là une nuée d’abeilles,

    Venait de repérer cet endroit séduisant,

    Allant de fleur en fleur remplissant les corbeilles,

    Les apidés suçaient le nectar abondant.

     

    Et quand le papillon reprit l’initiative,

    Il n’y avait plus rien, tout était soutiré,

    Son hésitation avait été fautive,

    Sur ce coup il était plutôt mal inspiré.

     

     

     


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  • Les deux frères

     

    L’un était grand, l’autre petit,

    Bizarrerie de la nature,

    Le grand avait des cheveux gris,

    Et le petit une tonsure.

     

    L’un était beau, l’autre bossu,

    Tous deux étaient célibataires,

    Le grand partout était connu,

    En qualité d’homme d’affaires.

     

    Le petit était courageux,

    Il rendait de nombreux services,

    L’autre était lâche et orgueilleux,

    Il accumulait tous les vices.

     

    Et pourtant le grand vivait bien,

    Il profitait de sa fortune,

    Alors que l’autre n’avait rien,

    Il dormait au clair de la lune.

     

    Mais le riche eut un accident,

    En revenant d’un long voyage,

    Et il laissa tout son argent,

    A son frère comme héritage.

     

    Le bossu que les gens fuyaient,

    Connut de ce fait une audience,

    Les femmes à ses pieds se jetaient,

    Qu’il en perdit toute conscience.

     

    Pire que son frère il devint,

    Etalant sa grande richesse,

    Ne connaissant plus son voisin,

    Et se moquant de sa détresse.

     

    Etre nanti c’est bien connu,

    Entraîne l’homme à l’égoïsme,

    Et trop souvent le parvenu,

    Fait preuve d’un réel cynisme.

     

     


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  • Les trois coqs

     

    Ils étaient trois beaux coqs dans une basse-cour,

    En ayant autour d’eux vingt poules et poulettes,

    Imaginez la scène, ils devaient chaque jour,

    Séduire la volaille en jouant les vedettes.

     

    Si les deux plus anciens avaient priorité,

    Le troisième n’avait que peu de réussite,

    Les poules préféraient un expérimenté,

    Quoi de plus naturel, mais attendez la suite.

     

    L’un des privilégiés, montant sur ses ergots,

    Devint trop exigeant, refusant le partage,

    Son rival courroucé en gonflant son jabot,

    S’opposa fermement à un tel avantage.

     

    Ce fut une bagarre ô combien sans merci,

    Une prise de becs qui devenait sanglante,

    Pendant que le jeunot n’ayant plus de souci,

    Honorait sans répit la foule caquetante.

     

    La bataille dura jusqu’à l’épuisement,

    Et les deux combattants y laissèrent des plumes,

    La fermière voyant un tel comportement,

    Acheva les rivaux qui devinrent posthumes.

     

    Encore une leçon dont nous avons besoin,

    Qui fera réfléchir le chacun, la chacune,

    Plutôt que de vouloir celle de son voisin,

    Il vaut mieux préserver sa petite fortune.

     

     

     


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  • Le chaton et le souriceau

     

    Ô qu’il était mignon le petit chat persan,

    Avec ses jolis yeux et sa belle fourrure,

    Son maître était Louis, un ancien artisan,

    Qui tenait à Paris, un salon de coiffure.

     

    C’était un beau chaton, joueur et dégourdi,

    Il était bien soigné, heureux d’être sur terre,

    Il était affublé du nom de bigoudi,

    On a compris ce choix, ce n’est point un mystère.

     

    Profitant du soleil, jouant dans le jardin,

    A l’ombre d’un bosquet, il fit une rencontre,

    Un gentil souriceau mais qui pour le félin,

    N’était qu’un animal, sans rien à son encontre.

     

    -Comment t’appelles-tu, je ne te connais pas ?

    Le souriceau tremblait, sa peur était panique.

    -Moi je sais qui tu es, notre ennemi le chat,

    Maman m’a prévenu, c’est dans la génétique.

     

    -Ne crois pas les anciens, moi je suis ton ami,

    Et pour quelle raison te ferais-je la chasse.

    A la belle saison, le chat et la souris,

    S’amusaient gentiment, parfois sur la terrasse.

     

    Puis l’hiver est venu, la souris se terrait,

    Et quand vint le printemps, elle était grande et grasse,

    De son côté le chat, adulte devenait,

    Elégant et racé, il avait de la classe.

     

    Un matin la souris montra le bout du nez,

    Bigoudi le félin oublia sa promesse,

    Retrouvant son instinct transmis par ses aînés,

    D’un coup il bondissait, assommant la pauvresse.

     

    Ils se trouvaient égaux quand ils étaient enfants,

    Loin des à priori de leur proche entourage,

    Mais la maturité change les sentiments,

    Cela est bien connu et vraiment c’est dommage.

     

     


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  • Le cheval et les taons

     

    Honte à ces mécréants aux pratiques perverses,

    Ces lords et ces marquis mutilant les chevaux,

    Ils réduisent les queues malgré les controverses,

    Ces hommes je le dis, ne sont que des pourceaux.

     

    Un cheval alezan avait subi l’injure,

    D’une caudectomie, il en était fâché,

    L’appendice caudal offert par la nature,

    N’était plus qu’un moignon, le reste était tranché.

     

    Le pire survenait un jour dans la prairie,

    L’animal mutilé de taons fut agressé,

    Ne pouvant se parer de cette agacerie,

    Il cherchait un moyen d’être débarrassé.

     

    -Pourquoi vous acharner sur ma peau camarade,

    Je ne suis comme vous, qu’un vulgaire animal-

    Il s’adressait au chef de la folle escouade. 

    -Vous avez dans ce pré des vaches du Cantal.  

     

    -Je comprends ta douleur, mais chez toi c’est facile,

    Nous avons tant besoin de ton précieux sang,

    Nous pouvons te sucer, sans élément hostile,

    Cette absence de queue est pour nous du nanan.

     

    Cette fable n’a point besoin d’une morale,

    Elle est dans entre les vers et dans chaque quatrain,

    En écrire on pourrait sans aucune fringale,

    Sur le comportement de l’être dit humain.

     

     

     


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  • Le Lapin, le Chien et la Vache

     

    Un petit lapin gris un matin en balade,

    Chuta dans un grand trou et cria au secours,

    Un chien passait par là durant sa promenade,

    Comme à son habitude et cela tous les jours.

     

    -Tu es bien dans ce trou, une proie trop facile,

    Si je saute avec toi, je fais un bon repas,

    Ton envie de courir sera bien inutile !

    -Je suis maigre tu sais, pire qu’un échalas.

     

    -Je plaisante petit, j’en suis à la boulette,

    Il n’y a pas de poils, d’os je ne croque plus,

    Pour te sortir de là, je vais chercher Blanchette,

    La vache du fermier, elle est juste au-dessus.

     

    -Il se moque de moi- cogitait la victime,

    Comment un bovidé peut me sortir d’ici,

    Je vais mourir au fond de cet infect abîme,

    Mes parents vont pleurer leur lapereau chéri.

     

    La prison tout-à-coup était plongée dans l’ombre,

     -Accroche-toi à ma queue, gentil petit lapin,

    Le prisonnier surpris voyait la masse sombre,

    De la vache accroupie au bord de son ravin.

     

    L’union de deux esprits décuple la puissance,

    Et permet de résoudre un problème important,

    Notre petit lapin a eu beaucoup de chance.

    De trouver sur sa route un chien très obligeant.

     


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