• Le rat et la cigale

     

    Un gros rat s'ennuyait là-haut dans la garrigue,

    Une cigale un jour vint à passer par là, 

    -Dis-moi ma belle enfant, sais-tu danser la gigue?

    L’insecte stupéfait recula de trois pas.

     

    -Allons, réponds-moi donc, ma question t'embarrasse,

    Ou bien  ma grosse voix de stentor te fait peur?

    Je sais que les petits animaux de ta race,

    Chantent, mais sont aussi remarquables danseurs. 

     

    La cigale voulant faire bonne figure, 

    Se redressa soudain et se mit à danser,

    Alors que notre rat dirigeait la mesure,

    Elle tournait, sautait, allant même à chanter.

     

    Le spectacle devint encor plus agréable,

    Les insectes voisins se rapprochant des lieux,

    Chacun contribuait de façon variable,

    Notre rongeur riait, satisfait et joyeux.

     

    Mais cette farandole animant la clairière,

    Attirait les oiseaux, les geais et les pinsons,

    S’abattant sur les proies qui dansaient sans manière,

    Les gourmands se gavaient, dépassant la raison.

     

    Il faut de temps en temps penser à faire la fête, 

    Mais elle endort l’esprit ; les rapaces sachant

    Que les chants et les jeux vous font perdre la tête, 

    Vous êtes dévorés sans aucun jugement.

     

     


    votre commentaire
  • Les deux chanteurs

     

    Il était une fois un chanteur à la mode,

    Beuglant n’important quoi, il avait du succès,

    Son agent artistique avait trouvé le code,

    Pour que sur les radios, il passe sans arrêt.

     

    Les journaux, la télé, marchaient dans la combine,

    On ne voyait que lui, il faisait l’Olympia,

    Sur de grandes affiches il avait sa trombine,

    Et on lui proposait aussi du cinéma.

     

    Des thèmes insensés, des paroles débiles,

    Sa voix était fêlée, un timbre de fausset,

    Des intonations faussement juvéniles,

    De la musique à fond c’était là le secret.

     

    Il était une fois un chanteur en galère,

    Il était refoulé, personne n’en voulait,

    Pourtant sa belle voix, aérienne, légère,

    Des textes clairvoyants à merveille chantait.

     

    Surtout n’attendez pas de morale à l’histoire,

    Le premier vit toujours dans la célébrité,

    Le second oublié de toutes les mémoires,

    Végète dans son coin et dans la pauvreté.

     


    votre commentaire
  • A moi Verlaine, Hugo !

     

    A moi Verlaine, Hugo ! Les poètes sont fous,

    La poésie se meurt les vers deviennent mous,

    Au secours ! Mon Dieu ! On lui coupe la gorge !

    Justice ! Juste ciel ! Quel avenir on forge !

     

    Qu’est-elle devenue ? Je veux la retrouver,

    Mais où se cache-t-elle ? Qui veut la torturer ?

    Les tercets sont boiteux, les quatrains en dentelle,

    Les rimes en lambeaux que la vie est cruelle.

     

    Rendez-moi mes sonnets je vais mourir sans eux,

    De grâce ayez pitié ! Je suis trop malheureux,

    J’ai perdu la raison, je souffre, je divague,

    Je suis comme un bateau dans le creux de la vague.

     

    Aux larmes citoyens ! Rameutez les bourreaux,

    Les cuistres béotiens pendez-les aux bouleaux,

    Qu’on prépare déjà les cordes et la potence,

    Que roulent les tambours pour l’ultime cadence.

     

    Au voleur ! Au voleur ! A moi Vigny, Rimbaud,

    Pour tous les mécréants ce sera l’échafaud,

    Qu’ils soient décapités sur la place de Grève,

    Ecartelés, roués, pour eux aucune trêve.

     

     

     


    votre commentaire
  • Une belle pagaille

     

    Il était un pays où fleurissait la rose,

    Dirigé par un roi à l’étrange chapeau,

    Ses sujets l’admiraient, c’était un virtuose,

    Sachant jouer du cor et même du pipeau.

     

    Il avait dans sa cour, tigresses et gazelles,

    Dans ses déplacements, un troupeau d’éléphants,

    Il parvenait toujours à mater les rebelles,

    Et les godelureaux un peu trop arrogants.

     

    Mais tout a une fin, le roi quittait ce monde,

    Laissant désemparés ses proches courtisans,

    Intrigues et complots, des mouvements de fronde,

    Pour remplacer le chef, beaucoup de prétendants.

     

    Parmi les éléphants, c’était la zizanie,

    Que de barrissements au sein des comités,

    Tromperies et ragots, mais aussi calomnie,

    Des votes entachés d’irrégularités.

     

    Profitant du chahut, une belle tigresse,

    Du sceptre s’emparait et narguait les vaincus,

    Son règne durait peu et c’est une bougresse,

    Qui la poussait dehors dans un état confus.

     

    Certains auraient voulu que l’un des pachydermes,

    Parti à l’étranger se porte candidat,

    Mais il avait encor quelques contrats à termes,

    Ce mirifique emploi  ne l’intéressait pas.

     

    Des jeunots assoiffés de gloire et de prestige,

    Jettent leur dévolu sur le trône vacant,

    C’est un tohu-bohu qui donne le vertige,

    A l’homme de la rue à la paix aspirant.

     

     

     


    votre commentaire
  • Le chat parvenu

     

    Combien de félidés sont devenus célèbres,

    Depuis le chat botté jusqu’au fameux chat noir,

    Devenir roi du jour et prince des ténèbres,

    Voici ce dont rêvait un minet plein d’espoir.

     

    Il voulait devenir une grande vedette,

    Faire dix fois pas an la une des journaux,

    Etre cité partout dans la moindre gazette,

    Passer à la télé sur les meilleurs canaux.

     

    C’est ainsi qu’on le vit pousser la chansonnette,

    Mais ce fut un fiasco, sa voix ne portait pas,

    Au théâtre insuccès, pire encor l’opérette,

    Il avait échoué, mauvais au cinéma.

     

    Il devint adhérent d’un parti politique,

    Où il fit son chemin car il était menteur;

    Avec son baratin, sa morale élastique,

    Il parvenait bien vite au poste de leadeur.

     

    Il était bien placé pour faire des magouilles,

    Profitant de l’aura auprès des financiers,

    Il était devenu le prince des embrouilles,

    En ayant le feu vert des éminents banquiers.

     

    Ainsi notre matou se trouvait au pinacle,

    Sans avoir étudié, sans avoir travaillé,

    Qui l’aurait supposé, même pas un oracle,

    Pour asseoir son succès, le voici médaillé.

     

     


    votre commentaire