• Pressé comme un citron

     

    Pressé comme un citron pour nourrir un empire,

    Je n’ai plus de ressort et je souffre, j’expire,

    A me plumer ainsi l’état me met à nu,

    Je vais crever de froid à l’hiver revenu.

     

    J’avais travaillé dur pour amasser fortune,

    Il ne me reste plus qu’un beau noyau de prune,

    Je vais le conserver, peut-être le planter,

    Et dans quelques années je pourrai récolter.

     

    Je sais il faut payer monsieur le percepteur,

    Le fringuant député et le vieux sénateur,

    Le gardien de la paix et puis l’ancien ministre,

    L’inspecteur des impôts au visage sinistre.

     

    Voyages et repas pour le bon Président,

    Cadeaux aux invités, il en faut de l’argent,

    Les fêtes, les galas, défilés et parades,

    Le caviar, les vins fins, c’est pour nos ambassades.

     

    Sans compter les canons, les fusils, les avions,

    Le gite et le couvert pour nos braves troufions,

    Les navires démodés qui deviennent ferraille,

    Alors qu’ils n’ont jamais livré une bataille.

     

    Faut-il continuer à suer, à bosser,

    A gagner des euros qui ne font que passer,

    Je n’ai pas les moyens de m’installer en Suisse,

    Jupiter mon ami, j’ne sors pas de ta cuisse.

     

     

     


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  • A moi Verlaine, Hugo !

     

    A moi Verlaine, Hugo ! Les poètes sont fous,

    La poésie se meurt les vers deviennent mous,

    Au secours ! Mon Dieu ! On lui coupe la gorge !

    Justice ! Juste ciel ! Quel avenir on forge !

     

    Qu’est-elle devenue ? Je veux la retrouver,

    Mais où se cache-t-elle ? Qui veut la torturer ?

    Les tercets sont boiteux, les quatrains en dentelle,

    Les rimes en lambeaux que la vie est cruelle.

     

    Rendez-moi mes sonnets je vais mourir sans eux,

    De grâce ayez pitié ! Je suis trop malheureux,

    J’ai perdu la raison, je souffre, je divague,

    Je suis comme un bateau dans le creux de la vague.

     

    Aux larmes citoyens ! Rameutez les bourreaux,

    Les cuistres béotiens pendez-les aux bouleaux,

    Qu’on prépare déjà les cordes et la potence,

    Que roulent les tambours pour l’ultime cadence.

     

    Au voleur ! Au voleur ! A moi Vigny, Rimbaud,

    Pour tous les mécréants ce sera l’échafaud,

    Qu’ils soient décapités sur la place de Grève,

    Ecartelés, roués, pour eux aucune trêve.

     

     

     


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  • Orage !

     

    Orage ! Ô brume ! Ô pluie ! Ô sale temps pourri,

    Ne suis-je donc mouillé que pour vivre l’ennui,

    Et ne suis-je rouillé dans la verte campagne,

    Que pour tant regretter le vent de ma Bretagne.

     

    Mes pieds qui tant de fois sur de jolis chemins,

    Se trouvaient bien au sec, marchant avec entrain,

    Les voici maintenant pataugeant dans la boue,

    Alors qu’ils n’aiment pas le froid ni la gadoue.

     

    Ô cruel souvenir de jours ensoleillés,

    Sans le moindre nuage aux cieux illuminés,

    Me voici détrempé au milieu d’un déluge,

    Sans pouvoir m’abriter bien loin de tout refuge.

     

    Faut-il que je sois sot d’avoir voulu sortir,

    Alors que l’air ambiant se mettait à fraîchir,

    Pourrais-je profiter d’une courte accalmie,

    Mais le ciel est bouché sans aucune éclaircie.

     

    Je vais me ramollir, fondre et me diluer,

    Dans le cours du ruisseau qui vient de se former,

    Ah ! Si j’avais pensé à prendre un parapluie,

    Je serais à l’abri - quelle triste sortie !

     

     

     

     

     


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