• Heureux le loup

     

    Heureux le loup repu, allongeant sa bedaine,

    Dans un lit de genêts, au bord de la fontaine ;

    Il compte les moutons qu’il a déjà mangés,

    Et les pauvres agneaux promptement égorgés.

     

    Il songe à l’avenir, sa pensée est légère,

    Pour un prochain diner, il veut une bergère,

    La fille du hameau au corps appétissant,

    Un repas de gala, menu réjouissant.

     

    Il va se régaler, il salive d’avance,

    La belle a des attraits, excellente pitance,

    Et il se voit déjà du soir jusqu’au matin,

    Jouir de ce bonheur d’un sublime festin.

     

    Mais pendant que le loup rêve à faire ripaille,

    Arrive le fermier qui soudain le mitraille,

    Adieu tendres agneaux, délicieux moutons,

    Fin de cet animal aux appétits gloutons.

     

    On peut toujours rêver mais soyons raisonnables,

    En voulant tout manger et à toutes les tables,

    On risque de mourir d’un empoisonnement,

    D’une crise de foie ou d’un étouffement.

     

     


    votre commentaire
  • Quel auteur ?

     

    Voici l’heure verte au zéphyr qui nous caresse,

    Ce moment attendu où tu devenais fleur,

    Des souvenirs d’avril embaumés de tendresse,

    Rêve de promenade, un moment de bonheur.

     

    J’étais le conquérant et ta robe de laine,

    Prenait la liberté de s’ouvrir sous mes doigts,

    Je déclamais des vers de Musset, de Verlaine, 

    Avant de t’inviter à l’amour avec moi.

     

    Ballade des souris dans la jolie clairière,

    Romance et madrigal pour les quatre saisons,

    Une ronde flamande ou l’école buissonnière,

    Une dame de pierre est sensible aux chansons.

     

    Un croquis pour l’été, testament et réponse,

    C’est sur un éventail qu’apparaît le tableau,

    Aquarelle dorée, un bateau qui s’enfonce,

    Le fantasme du soir n’est pas le renouveau.


    votre commentaire
  • J'ajoute une nouvelle rubrique, intitulée "Titres-mêlés".

    Ce sont des vers composés à partir des titres d'un auteur, généralement un poète, à vous de deviner qui ?

    Merci de votre lecture et, si vous avez le temps, ajoutez un commentaire, cela serait sympa.


    votre commentaire
  • Le Chêne et les Sangliers

     

    Au cœur d’une forêt, un chêne se dressait,

    Unique spécimen de cette noble essence,

    Rescapé d’un grand vent toujours il produisait,

    A la fin de saison des glands en abondance.

     

    Ses fruits étaient prisés par tous les sangliers,

    Qui venaient se goinfrer de l’aube au crépuscule,

    Ils sortaient de partout, des bosquets, des halliers,

    Guidés par de vieux chefs,  soumis à leur férule.

     

    Les années s’écoulaient, l’arbre se désolait,

    Pas le moindre rejet poussait dans la clairière,

    Les affamés partis, aucun fruit ne restait,

    Tout était avalé, dans l’ombre et la lumière.

     

    -Vous pourriez épargner les glands déjà germés,

    Si je viens à mourir ce sera la disette,

    Vos enfants à venir seront embarrassés,

    Pour trouver des repas avant belle lurette.

     

    Un conseil éclairé qu’aucun ne comprenait,

    Les suidés négligents d’avenir n’avaient cure,

    Le chêne prévoyant souvent leur reprochait,

    De ne jamais penser  à leur progéniture.

     

    Vint alors un printemps où plus un seul bourgeon,

    Ne s’ouvrit au soleil, plus une seule feuille,

    Sur les branches tordues, la désolation,

    Le vieil arbre est mourant et la forêt s’endeuille.

     

    Et quand revint l’hiver les sangliers gourmands,

    Avec bien des regrets fuirent le paysage,

    Honte aux écervelés, à ces imprévoyants,

    Auteurs inconscients de leur propre naufrage.

     


    votre commentaire
  • Pressé comme un citron

     

    Pressé comme un citron pour nourrir un empire,

    Je n’ai plus de ressort et je souffre, j’expire,

    A me plumer ainsi l’état me met à nu,

    Je vais crever de froid à l’hiver revenu.

     

    J’avais travaillé dur pour amasser fortune,

    Il ne me reste plus qu’un beau noyau de prune,

    Je vais le conserver, peut-être le planter,

    Et dans quelques années je pourrai récolter.

     

    Je sais il faut payer monsieur le percepteur,

    Le fringuant député et le vieux sénateur,

    Le gardien de la paix et puis l’ancien ministre,

    L’inspecteur des impôts au visage sinistre.

     

    Voyages et repas pour le bon Président,

    Cadeaux aux invités, il en faut de l’argent,

    Les fêtes, les galas, défilés et parades,

    Le caviar, les vins fins, c’est pour nos ambassades.

     

    Sans compter les canons, les fusils, les avions,

    Le gite et le couvert pour nos braves troufions,

    Les navires démodés qui deviennent ferraille,

    Alors qu’ils n’ont jamais livré une bataille.

     

    Faut-il continuer à suer, à bosser,

    A gagner des euros qui ne font que passer,

    Je n’ai pas les moyens de m’installer en Suisse,

    Jupiter mon ami, j’ne sors pas de ta cuisse.

     

     

     


    votre commentaire