• Fromage !

     

    Fromage ! Ô livarot ! Ô joli bleu de Bresse,

    Que j’aime ressentir en bouche ta caresse,

    Que tu sois aussi gras que le puant munster,

    Onctueux, moelleux comme le camembert.

     

    Que j’aime déguster la tomme de Savoie,

    Avec le chabichou je trouve enfin ma voie,

    J’ai un faible pourtant pour le beau roquefort,

    Qui fond sous le palais quand je lui fais un sort.

     

    Et ce grand parfumé qui nous vient de Maroilles,

    Son accent savoureux a brillé sur les toiles,

    Quant au fameux crottin, à la fourme d’Ambert,

    Ils n’ont que des amis de Colmar à Quimper.

     

    Rien n’est plus gouleyant que le carré de Brie,

    Avec un pomerol et un bon pain de mie,

    Parlez-moi d’un époisses et d’un doux reblochon,

    Sans oublier surtout le tendre gaperon.

     

    Pont-l’évêque et cantal, chaource et saint-nectaire,

    Et le collant niolo je ne suis pas sectaire,

    Hommage à ces fromages aux multiples valeurs,

    Qui font de notre France un pays des saveurs.

     


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  • Le homard et la langouste

     

    Un richissime homard aimait une langouste,

    Pour lui faire plaisir, lui offrait des cadeaux,

    Voyages en avion, séjours à Famagouste,

    Le gîte et le repas dans ses nombreux châteaux.

     

    La langouste pourtant était dans sa famille,

    La personnalité devant tenir un rang,

    Ce n’était pas correct de la voir en cheville,

    Avec un crustacé qui n’est point de son sang.

     

    Mais madame acceptait ces faveurs en nature,

    Venant du soupirant proche d’un dictateur,

    Si pour les braves gens, c’était une bavure,

    C’était pour ses amis, dons d’un admirateur.

     

    Le chef de sa tribu avait pris sa défense,

    -Le homard est sympa, que lui reprochez-vous ?

    La langouste parlait d’une vilaine offense,

    -Ceux qui m’attaquent ainsi ne sont que des jaloux.

     

    C’est, il faut le savoir, une « bonne » habitude,

    Chez tous les crustacés quand ils sont gouvernants,

    De profiter à fond et en toute quiétude,

    D’avantages offerts par différents courants.

     


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  • La désillusion

     

    On peut toujours rêver et compter sur la chance,

    Cela ne coûte rien et peut rapporter gros,

    Imaginer un jour une douce romance,

    Hériter de millions, devenir un héros.

     

    On se voit Don Juan, le chéri de ces dames,

    Un sourire, un regard, elles sont dans vos bras,

    Vous connaissez aussi le meilleur des sésames,

    Vous pouvez les choisir, vous avez l’embarras.

     

    Vous avez de l’argent, une immense richesse,

    De splendides villas, de luxueux bateaux,

    Vous êtes au sommet de la haute noblesse,

    On se courbe à vos pieds, on vous fait des cadeaux.

     

    Invité des télés, adulé de la presse,

    Vous avez des amis dans le gouvernement,

    Une grande culture, et tout vous intéresse,

    On pense même à vous pour être président.

     

    Hardi et courageux, vous grimpez des montagnes,

    Traversez l’océan sur un simple radeau,

    Vous devenez le roi des villes, des campagnes,

    Vous êtes le plus grand, vous êtes le plus beau.

     

    Mais la réalité vient briser votre rêve,

    Celle que vous aimez préfère le voisin,

    Le train et le métro sont ce matin en grève,

    Sa majesté le roi n’est pas votre cousin.

     

    Ne comptez pas non plus sur l’oncle à héritage,

    Il devait de l’argent à un maudit banquier,

    Le destin vous en veut et vous désavantage,

    Vous ne serez jamais qu’un pion sur l’échiquier.

     

     

     


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  •  

    Je suis le président

     

    Je suis le président, le roi, sa majesté,

    Un petit capitaine à la mine ravie,

    Ma volonté est forte et j’ai de la santé,

    J’aime la politique, elle est toute ma vie.

     

    Je parle et je débats en toute liberté,

    Je suis un tragédien qui joue la comédie,

    J’en appelle au bon sens, à la fraternité,

    Quant à l’égalité, je l’avoue ça m’ennuie.

     

    Suis-je Antoine ou César ?... Vespasien ou Néron ?

    Je rêve de régner sur un immense empire,

    Il y a bien longtemps qu’à ce souhait j’aspire.

     

    Je suis bien introduit chez les ducs, les barons,

    J’accueille dans mon lit une jolie sirène,

    Qui voudrait un beau jour devenir une reine.

     

    (Pardon à M. de Nerval s'il me lit)

     


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  • Heureux le loup

     

    Heureux le loup repu, allongeant sa bedaine,

    Dans un lit de genêts, au bord de la fontaine ;

    Il compte les moutons qu’il a déjà mangés,

    Et les pauvres agneaux promptement égorgés.

     

    Il songe à l’avenir, sa pensée est légère,

    Pour un prochain diner, il veut une bergère,

    La fille du hameau au corps appétissant,

    Un repas de gala, menu réjouissant.

     

    Il va se régaler, il salive d’avance,

    La belle a des attraits, excellente pitance,

    Et il se voit déjà du soir jusqu’au matin,

    Jouir de ce bonheur d’un sublime festin.

     

    Mais pendant que le loup rêve à faire ripaille,

    Arrive le fermier qui soudain le mitraille,

    Adieu tendres agneaux, délicieux moutons,

    Fin de cet animal aux appétits gloutons.

     

    On peut toujours rêver mais soyons raisonnables,

    En voulant tout manger et à toutes les tables,

    On risque de mourir d’un empoisonnement,

    D’une crise de foie ou d’un étouffement.

     

     


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